1. GENERALITES : Genre - style - forme - structure Peut-être peut-on re-préciser le sens de certains termes dont tout musicien est amené à faire un usage fréquent. On peut donner du genre deux définitions apparemment différentes, mais qui se complètent très bien. Le genre peut être un certain esprit qui préside à la conception d'une œuvre ou bien la réunion, en une même famille, d'un certain nombre de formes ayant entre elles suffisamment d'affinités. On peut distinguer des genres d'ordre spirituels tel que la musique sacrée ou profane, ou d'ordre technique, musique vocale ou instrumentale.
Chacun sait ce qu'est une forme
: c'est un certain type d’œuvre.
C'est ce
dernier genre qui est traité ici. Il est nécessaire de poser la
notion de genre pour mieux définir les problèmes que posent les
notions de style et de forme.
En conclusion, la musique s'adressant à la sensibilité plus qu'à la
raison, faut-il que celle-ci impose une organisation à une suite de
sensations agréables, brutales ou raffinées? Doit-on craindre que le souci
de bien construire chasse du discours musical toute spontanéité ? II. STRUCTURE GENERALE DE LA SUITE La structure de la suite a été imposée par Froberger vers 1650, et est fondée sur une succession de mouvements modérés ou lents et de mouvements rapides. Elle comprend au moins 4 parties disposées comme suit : Allemande, Courante, Sarabande, Gigue. Mais entre la Sarabande et la Gigue peuvent s'intercaler d autres danses telles que : Menuets, Gavottes ou Bourrées, en ce qui concerne les suites pour violoncelle. Souvent l'Allemande est précédée d'un grand prélude parfaitement structuré. III. FORME ET CARACTERE DES DIFFERENTS MOUVEMENTS Le Prélude : au 17è siècle, le prélude est une forme très libre évoquant l'improvisation. On y trouve souvent les éléments thématiques appelés à être développés dans les mouvements de la suite. C'est J.-S. Bach qui, l'un des premiers, songe à organiser et structurer le prélude, en lui donnant des proportions plus vastes. Cette forme emprunte souvent la structure binaire des mouvements de la suite; " le Prélude est exécuté majestueusement " QUANTZ. L’Allemande : rythme binaire et de tempo modéré, l'Allemande est une danse qui vient d'Allemagne. Au 17è, elle remplace la pavane dans " la suite. La forme est généralement en 2 parties avec reprise, évoluant de la tonique à la dominante avec retour à la dominante sans réexposition de thème. La phrase initiale débute par une anacrouse d'une note (suite No 1 et 2), parfois remplacée par un groupe de notes de même fonction. Bach traite ici l'Allemande de type italien, à caractère plus fluide, en opposition au type français, plus contrapuntique et de caractère plus grave. La Courante : danse italienne ou française, de rythme ternaire, la Courante était la danse préférée de Louis XIV. J.-J. Rousseau suppose ainsi l'origine du nom : " la Courante est ainsi nommée à cause des allées et venues dont elle est remplie plus qu'une autre. " Elle garde le même plan tonal que l'Allemande : tonique, dominante, tonique, et, comme elle, commence par une anacrouse. On distingue deux types essentiels : le plus ancien est. Le type italien à caractère rapide et sans artifices contrapuntiques, et le type français plus modéré, avec de grandes subtilités rythmiques et un style volontiers contrapuntique. Très fréquente dans la suite, se plaçant derrière l'Allemande, la Courante disparaît avec le genre " suite " après la mort de Bach. La Sarabande : danse probablement d'origine espagnole, de caractère lent et grave, la Sarabande admet une forme binaire sur un rythme ternaire. Chaque phrase débute sur un temps fort, le 2ème temps étant prolongé. La Sarabande se place dans la suite après la Courante. Il faut distinguer les types espagnols et italiens de la Sarabande, qui sont à caractère rapide, du type français plus lent. En Allemagne, son caractère devient grave. Le Menuet : danse de rythme ternaire, d'origine française, le Menuet se compose de 2 parties répétées. A la fin du 17è, on a rajouté un 2ème Menuet de structure identique, ce qui donne la forme A-B-A, avec Da Capo après B. Le caractère de B diffère de celui de A par un thème plus mélodique, ainsi que par la tonalité, qui peut être le relatif mineur ou la dominante du ton principal. " Le caractère du Menuet est d'une élégante et noble La Gavotte : danse probablement d'origine provençale, la Gavotte est de rythme binaire, à caractère modéré. Comme le Menuet et la Bourrée, elle est traitée dans la suite sous le forme A-B-A. " ce -sont des~ airs graves et sérieux " FREILLON-PONCIN. " elle marque ses phrases et ses repos de 2 en 2 mesures " ROUSSEAU. La Bourrée : danse populaire française, elle fait partie de la suite après 1650. De rythme binaire, sa forme est généralement à 2 parties avec le plan tonal suivant : tonique-dominante-, et retour à la tonique; la mélodie se décompose en sections de 4 mesures répétées, suivies d'une conclusion. Elle est traitée dans la suite comme le Menuet, sous la forme A-B-A, B respectant les mêmes différences de caractère mélodique et de tonalité. " une Bourrée s'exécute avec gaieté et un coup d'archet cour simplicité; le mouvement est plus modéré que vite " BROSSARD.
La Gigue
: danse d'origine anglaise ou irlandaise, la Gigue se compose de 2
parties répétées, avec le plan tonal : tonique-dominante-tonique.
Son caractère est sautillant, sur un tempo d'allure rapide et de
rythme ternaire. On distingue 2 types principaux : le type français,
fugué et modéré, et le type italien, non fugué et rapide. Bach
emploi souvent un type mixte.
Il est possible et même souhaitable d'éliminer certains
problèmes de technique guitaristique, engendrés bien souvent par
l'aspect archaïque de notre instrument. Les
doigtés
proposés ici, ont été pensés avec l'idée de satisfaire toujours à un
ensemble de paramètres, imposés par une analyse du texte la plus
objective possible tels que définition maximum de la note, maximum
de facilité technique, et la plus grande luminosité possible dans le
discours polyphonique. IV. TECHNIQUE
V - INTERPRETATION A.
Purisme - Nuances - Caractère - Tempi - Phrasé A un purisme ancien, caractérisé par l'observance stricte de certains principes ou par le respect d une vérité définitivement établie, se substitue, aujourd'hui, un intérêt pour la recherche du " Beau ", qui apparaît plus vrai que toute vérité; Ceci n'exclut pas que le purisme peut avoir sa raison d'être. Si ce n'est le bon goût ou I’intuition, c'est peut-être le purisme qui amènera l'interprète à modérer le vibrato, à être réservé dans les nuances, à éviter les glissandi ou les rallentendi trop prononcés. Il n'est par certain que la meilleure interprétation soit celle qui passe par l'expression d'une émotion trop forte, mais peut-être est-ce elle qui passe par une suggestion, toute nuancée de réserve, de cette émotion. B. Vibrato et ornementation Le vibrato est devenu aujourd'hui un agrément quasi systématique et forcé, surtout chez les instrumentistes à cordes. En fait, cette oscillation du son était autrefois employée comme un agrément, c’est à dire à bon escient. Voici quelques avis de l'époque concernant les agréments et les ornements : "... Il faut former son goût en s'exerçant soi-même. Il est impossible de donner des règles précises pour placer les ornements, qui soient valables dans tous les cas... " MARPUNG.
Il est une
confusion
qu'il faut absolument éviter : l'assimilation d'une liaison du type
archet à celle du type guitaristique; exécuter des liaisons n'est
pas synonyme de jouer legato, bien au contraire. La liaison de type
archet sert, sans altérer la définition des notes jouées, à les
grouper sous forme d'un mot à caractère musical. Sur la guitare,
cette intention peut être parfaitement reproduite en jouant toutes
les notes, suffisamment legato, et surtout en conférant à l'ensemble
de ces notes le caractère musical souhaité, ceci avec l'avantage
d'éliminer les problèmes guitaristiques de la liaison : poids
inconsidéré, souvent incontrôlé de la première note jouée,
définition modifiée sans raison de la note suivante avec influence
sur les paramètres suivants : timbre changé par
l'attaque
d'un doigt sans ongle, à la main gauche, sécurité du jeu diminuée
par des positions difficiles, surtout sur les cordes internes;
enfin, conséquence la plus dramatique, le discours devient lourd et
non homogène.
Certains avis
autorisés affirment parfois : " toute la musique de Bach doit être
jouée comme à l'orgue, sans crescendo ni decrescendo ". On peut
concevoir une opinion moins dogmatique, tenant compte du fait que si
Bach était organiste, il était avant tout compositeur, connaissant
parfaitement d'autres instruments, allant même jusqu'à inventer la "
viola pomposa ", pour laquelle il écrit la suite N°5. Étant
violoniste, Bach avait donc conscience de la flexibilité de l'archet
et de ses possibilités dynamiques. Il serait donc impensable de
jouer ces suites sans la moindre variation d'intensité. Aucune
indication de nuance n'étant précisée dans l'original, l’interprète
reste libre de nuancer selon son bon goût et ses propres sentiments.
Il incombe cependant à chaque interprète de trouver le
caractère
d'une œuvre, et mieux vaut ne pas le déterminer à l'avance. " ... jamais les agréments ne doivent altérer le chant ni la mesure de la pièce... le bon goût est le seul arbitre ... Il importe beaucoup de savoir bien exécuter les ornements, car, sans cela, ils défigurent les pièces au lieu d'en augmenter la beauté, et il vaudrait mieux n'en point faire du tout que de les faire mal... " ST LAURENT. "... Je conseille de ne pas trop s'enfoncer dans les ornements et de s'appliquer plutôt à jouer simple d'une manière noble, propre et nette... " QUANTZ. En conclusion, il me semble préférable de convaincre l'auditeur, sans rechercher les effets, mais en jouant avec la plus grande simplicité possible. |